La grande exposition sur l'art kanak présentée au musée du quai Branly à Paris s'ouvre à présent au public calédonien avec la présentation d'environ 160 objets. Dès 1979, Jean-Marie Tjibaou avait demandé à un ethnologue de recenser le patrimoine kanak dispersé dans les musées français. Mais en 2011, une enquête de grande ampleur a permis un inventaire étendu à l'Europe aboutissant à l'exposition de Paris rassemblant plus de 300 oeuvres.
A Nouméa, le splendide écrin du Centre Tjibaou accueille cet évènement très attendu. Cette photo d'une cérémonie de deuil où les participants sont accroupis sous des tissus de coutume(manous) est intitulée "Spirale". Comme dans toute forme d'art, la symbolique est partout mais il faut la décoder.
Cette hache de cérémonie est en néphrite(sorte de jade) taillée et polie à la main avec du sable humide est un objet prestigieux qui n'était montré qu'en de rares occasions. Les premiers officiers de marine français à en avoir vu l'avait surnommé hache ostensoir car elle ressemblait aux présentoirs catholiques de l'hostie.
Les photos anciennes de grandes cases sont toujours fascinantes et on y remarque aussi l'évolution des tenues locales passant de l'étui pénien(bagayou) aux vêtements occidentaux. La construction s'articule autour d'un énorme poteau central(le chef ou l'ainé) et des poteaux de tour(les petits frères) supportant la toiture. Celle-ci est coiffée d'une flèche faîtière surmontée d'une aiguille sur laquelle sont enfilés des coquillages contenant parfois des plantes magiques. C'est ce symbole que l'on retrouve sur le drapeau du FLNKS dit aujourd'hui drapeau kanak.
Voici deux flèches faitières et deux guides de l'exposition en robe mission.
Ces grandes sculptures attachées aux chambranles de part et d'autre de la porte d'entrée et soutenant le linteau, assez bas qui oblige à se courber pour pénétrer dans la case étaient taillées à l'herminette de pierre. Elles symbolisent des défunts: un corps enveloppé dans une natte et des liens végétaux et une tête aux traits marqués. J'ai relevé cet extrait dans le catalogue de l'exposition du quai Branly:
"Dans la société kanak, le deuil d'un notable était l'occasion d'une cérémonie spectaculaire durant laquelle les oncles utérins venaient manifester leur colère face à la mort de leur neveu. Elle s'exprimait par la destruction des sculptures de la Grande Case. Dans la plupart des cas, on leur infligeait des blessures: blessures aux nez imposants et coups de hache repérables sur le ventre des appliques."
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